La garantie des droits sexuels et reproductifs dans la lutte contre les VBG

Article : La garantie des droits sexuels et reproductifs dans la lutte contre les VBG
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20 décembre 2023

La garantie des droits sexuels et reproductifs dans la lutte contre les VBG

Les Violences Basées sur le Genre (VBG) restent encore une réalité au Bénin. Cette problématique complexe demande une analyse approfondie afin de trouver des solutions durables. Il est donc important pour nous d’explorer les défis persistants auxquels font face les femmes et les filles au Bénin en matière de VBG. Mais tout en soulignant la nécessité d’un accès universel à une éducation de qualité sur les droits sexuels et reproductifs.

Dans un contexte comme celui du Bénin, les Violences Basées sur le Genre (VBG) continuent de se répandre malgré les nombreux efforts. Selon un rapport de 2022 sur l’étude des violences basées sur le genre (VBG) «  59% de femmes âgées de 15 ans et plus sont victimes de VBG au Bénin. » UNICEF dans son rapport de 2017 avait précisé qu’environ 2 filles sur 5 au Bénin ont été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans. Au regard de ce contexte, il y a lieu de considérer tous les facteurs essentiels pour y mettre fin. Et pour mener à bien cette lutte, les filles et les femmes ont besoin d’un accès universel à une éducation et à des informations de qualité sur les droits sexuels et reproductifs. Elles ont besoin d’accès à des services et à des conditions qui leur permettent de réaliser leurs droits sexuels et reproductifs. Elles ont besoin de mener une vie saine qui leur permette de décider librement et de façon responsable des questions liées à la sexualité, y compris la santé sexuelle et reproductive. C’est à ce prix qu’elles pourront participer librement et sans influence à la vie sociale, économique et politique afin d’apporter un changement dans la lutte contre les VBG.

Les filles et les femmes ont besoin d’être en bonne santé pour lutter efficacement contre les violences qu’elles subissent tous les jours. Être en bonne santé ne se limite pas à l’absence de maladie ou d’infirmité, mais elle prend en compte la santé mentale, sociale et physique.

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Comment lutter efficacement contre les VGB ?

Les violences basées sur le genre ont la peau dure dans notre pays. Le gouvernement du Bénin ces dernières années a renforcé le cadre législatif en matière de VBG. Les infractions liées aux genres relèvent désormais de la compétence de la Cour de Répression des Infractions économiques et du Terrorisme (CRIET). Plusieurs auteurs de VBG ont déjà fait objet de lourde peine d’emprisonnement. Le Gouvernement du Bénin a également procédé à la création et à l’opérationnalisation de l’Institut National de la Femme (INF). Malgré toutes ces mesures et bien d’autres, la lutte contre les VBG est loin d’être un pari gagné.

Il est nécessaire de renforcer la sensibilisation et l’éducation de la population. Dans les écoles primaires, les collèges, lycées et universités par exemple, les programmes d’apprentissage doivent prendre en compte des cours sur les violences basées sur le genre. Cela pourrait renforcer l’éducation des jeunes filles dans la lutte contre les VBG dès le bas âge et en même temps contribuer à la sensibilisation des jeunes garçons à ne pas être auteur de VBG, mais plus acteur dans la lutte contre les VBG.

Des mesures spécifiques doivent être prises à l’égard des LGBTI, les travailleur·euses du sexe, les personnes en situation de handicap, et les personnes vivant avec le VIH afin de les encourager à briser le silence en cas de violence. Ces catégories de personnes assez vulnérables ne sont pas toujours prises en compte dans les programmes de lutte contre les VBG. Il est important de leur assurer l’accès à la justice et à une prise en charge adéquate lorsqu’elles sont victimes de violences.

L’État ainsi que les parties prenantes doivent investir dans la formation du personnel judiciaire sur les questions de VGB. Les officiers de police judiciaire, le personnel du parquet, les magistrats et les avocats doivent être outillés sur les spécificités et l’évolution de la thématique et sur les principes de non-discrimination et de non-stigmatisation des victimes de VBG.

Il faut continuer de sensibiliser les populations sur les ressources disponibles pouvant aider les victimes à lutter contre les VBG. Il faut de plus en plus inciter les victimes à dénoncer les auteurs de VBG auprès des mécanismes judiciaires, quasi judiciaires ou spécialisés.

Quels sont les mécanismes de lutte contre les VBG ?

Au Bénin, les victimes de VBG ont une large possibilité quant aux mécanismes de lutte contre les VBG. Toutes personnes victimes ou témoins de VBG peuvent appeler gratuitement le 138 ou se rendre aux centres de promotions sociales installés dans chaque localité. Ce sont des complexes d’appui au développement des communautés à la base qui s’occupent également de la prévention et de la gestion des risques sociaux encourus par les populations et particulièrement les groupes vulnérables. Les commissariats de police sont habilités à recevoir des cas de VBG et en référé au procureur de la République. Les victimes ou les témoins de VBG peuvent aussi saisir l’Institut National de la Femme (INF) à travers leur numéro WhatsApp au +229 51 078 888. La commission béninoise des droits de l’homme reçoit aussi des plaintes à travers son site https://cbdh.bj/ sur tous les cas de VBG. La cour constitutionnelle, la plus haute juridiction en matière de protection des droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques, reçoit par ailleurs des plaintes en cas de VBG. Malgré ces nombreux mécanismes de lutte contre les VBG et de protection des victimes de VGB, le phénomène persiste. Les victimes en parlent beaucoup, mais saisissent très peu ces mécanismes pour se faire justice. Par exemple, Bella, une jeune fille béninoise, raconte à un média son expérience ; « J’ai 15 ans et j’ai commencé l’amour à l’âge de huit ans. Ma maman n’était plus avec mon papa et aussi, elle n’aime pas rester à la maison parce qu’elle sort avec les hommes. Il y a un monsieur à côté de nous, quand ma maman sort, il m’appelle, et quand je vais chez lui, il s’amuse avec moi et me donne de l’argent ». Comme Bella, plusieurs autres jeunes filles subissent des violences dès le bas âge.

Les victimes de VBG peuvent mieux lutter contre le phénomène et faire des choix responsables si elles/ils sont suffisamment sensibilisés sur leurs droits sexuels et reproductifs.

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