L’humanisation des maisons de détention au Bénin : une urgence !

Article : L’humanisation des maisons de détention au Bénin : une urgence !
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2 août 2024

L’humanisation des maisons de détention au Bénin : une urgence !

Ce 1er août 2024, Amnesty International a publié un long communiqué de presse dénonçant les conditions de détention inhumaines dans les maisons de détention au Bénin. Selon le communiqué publié au matin de la fête de l’indépendance du Bénin, les détenu.e.s sont privé.e.s de plusieurs de leurs droits notamment du droit à la santé ou encore du droit à être jugé dans un délai raisonnable.

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Au Bénin, nos prisons ont besoin d’être humanisées, maintenant et en toute urgence. Après lecture de ce communiqué, il est facile de penser que les deténu.e.s béninois n’ont plus de droits humains ou qu’ils ne fassent plus partie de notre société. Cette situation décriée par Amnesty International n’est que l’image des droits humains au Bénin. Pour Nelson Mandela, « Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles ». Selon l’organisation de défense des droits humains, au Bénin, les détenu.e.s sont enfermés dans des cellules surpeuplées et sales, sans accès adéquat à l’eau potable et aux soins médicaux. Amnesty a noté la mort d’au moins 46 détenu.e.s entre janvier et juillet 2023. Cette situation est contraire aux règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus et aux autres instruments juridiques de protection des droits humains.

« Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles. »

Nelson Rolihlahla Mandela

Surpopulation carcérale et conditions sanitaires précaires

Les règles minima des Nations Unies interdisent la surpopulation carcérale. La règle 12 interdit même que deux détenus occupent la même cellule ou chambre. Pourtant, en 2023, la prison de Missérété, construite pour accueillir 1 000 détenu.e.s, en comptait 3 742, soit près de quatre fois sa capacité. Les prisons de Porto-Novo et de Cotonou font face à des situations similaires, avec des taux d’occupation six fois supérieurs à leur capacité. Les détenu.e.s sont souvent contraint.e.s de dormir sur le sol, entassés les uns contre les autres, sans possibilité de se retourner. Les infrastructures sanitaires sont également inadéquates, obligeant les détenu.e.s à utiliser des pots comme toilettes et oreillers, dans des conditions d’hygiène déplorables.

La règle 13 des règles minima des Nations unies expose que : « Tous les locaux de détention et en particulier ceux où dorment les détenus doivent répondre à toutes les normes d’hygiène, compte dûment tenu du climat, notamment en ce qui concerne le volume d’air, la surface minimale au sol, l’éclairage, le chauffage et la ventilation. » Au Bénin, les détenu.e.s n’ont pas accès à des ventilateurs ni à une aération adéquate dans leurs dortoirs. L’eau potable est aussi une denrée rare, et les détenu.e.s doivent souvent se battre pour obtenir de l’eau sale fournie par les sapeurs-pompiers.

Accès limité aux soins de santé et détentions provisoires prolongées

L’accès aux soins médicaux dans les prisons béninoises reste limité. Aucune des prisons visitées par Amnesty International ne dispose de médecins en permanence, et les infirmeries sont sous-équipées et manquent de médicaments essentiels. Les détenu.e.s souffrant de maladies chroniques ou nécessitant des soins urgents sont souvent laissés sans traitement, ce qui entraîne des complications graves et parfois mortelles. Les prisons de Missérété, Parakou et Abomey comptent respectivement trois infirmières pour 3 742 détenu.e.s, trois infirmiers pour 1 491 détenu.e.s et deux infirmiers pour 2 468 détenu.e.s.

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En 2023, environ 55 % des détenu.e.s au Bénin étaient en attente de jugement. Amnesty International a rencontré plusieurs personnes dont la détention provisoire avait dépassé le délai légal de cinq ans, certaines étant détenues depuis plus de 20 ans. Cette situation viole les normes internationales en matière de droits humains, mais souligne aussi l’urgence de réformer le système judiciaire béninois.

L’intégralité du communiqué ici

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